Les Mafa ou quelquefois Matakam sont une population d’Afrique centrale, surtout présente à l’extrême nord du Cameroun, également au Nigeria.
Le peuple mafa est constitué de plusieurs groupes qui se distinguent par leurs accents. Avec les Kapsiki, les Mofu, les Guiziga, les Mada, les Mahtal, les Zulgo, les Podoko, les Mouyeng, ils composent l’essentiel de ce que les Mandara (ethnie islamisée habitant la plaine et quelques contreforts des Monts Mandara) appellent vulgairement les Kirdis ou peuples païens1. Ils sont connus pour avoir été les premiers en contact avec le colonisateur allemand.
Selon les sources et le contexte, on observe plusieurs formes : Bulahai, Mafahay, Mafa, Matakam, Matakams, Mofa, Natakan, Wula2. Selon Jean-Yves Martin en 1970, les Mafa seraient un sous-groupe des Matakam, aux côtés des Boulahai (habitant aux environs de Mokolo et des Mabass (habitant le village du même nom) qui partagent la même langue, des Hidé (langue commune avec les Mafa3) et des Minéo. Au-delà d’une proximité linguistique pour les quatre premiers groupes, le nom commun de Matakam résulterait de l’appropriation d’un sobriquet initialement donné par les Peuls (ou Foulbé) et traduirait une revendication identitaire4. En 2008, pour Zacharie Perevet, qui se revendique Mafa, l’ethnonyme « Matakan » est une appellation péjorative qui regroupe les quatre premiers sous-groupes décrits par Jean-Yves Martin, qu’il identifie tous comme Mafa5.
Les Mafa, quelquefois qualifiés d’animistes (par certains occidentaux) ou de « païens » (par les musulmans) croient en un Dieu unique ou « Dieu des humains » appelé Jigilé, Zigélé7 ou Zhikle8 selon les transcriptions. Ce dieu créateur unique est toutefois accompagné d’émanations et de génies protégeant un domaine particulier (par exemple le dieu de la maison, Jigilé-gay9). On s’adresse à lui par le truchement des ancêtres10 dont le culte occupe une place prépondérante dans les rituels. Il convient en outre de s’attirer ou de conserver les faveurs des forces naturelles ou biologiques : la terre, la pluie, les femmes11 qui ont un esprit (Halalay) au même titre que les animaux même nuisibles comme les criquets ou que les ancêtres12.
Le régime alimentaire est principalement végétal, et les composantes essentielles de la nourriture sont les différentes sortes de sorgho, de mil ainsi que l’éleusine pour les céréales, et le niébé pour les légumineuses. Ces préparations sont accompagnées de sauces à base de plantes. Plus exceptionnellement, des ingrédients d’origine animale sont utilisés : viande grillée ou séchée issue des animaux sacrifiés en hommage aux ancêtres (fête du taureau où le « bœuf de case » est sacrifié) mais aussi viande de chèvre. On en extrait des lipides dans ce qui est appelé « la graisse » (mbǝza), un mélange de graisse, d’os et de cartilages en voie de décomposition. La graisse des intestins est suspendues dans le péritoine, mise à sécher au soleil puis broyée à plusieurs reprises afin d’obtenir une bouillie conservée en jarres, qui est consommée tout au long de l’année comme composante des sauces dont elle relève le goût13.
source:https://fr.wikipedia.org/wiki/Mafa_(peuple).