Les Peuls appelés aussi Foulani ou encore Fellata selon les pays, sont un peuple traditionnellement pasteur établi dans toute l’Afrique de l’Ouest et au-delà la bande sahélo-saharienne, soit au total une quinzaine de pays différents16. Particulièrement nombreux au Nigeria, au Niger, dans le nord du Cameroun, au Mali, au Sénégal et en Guinée, ils sont minoritaires partout à l’exception de ce dernier pays (32,1 % de la population)17.
Ses membres sont très majoritairement musulmans, avec une minorité de bahá’ís. Leur dispersion et leur mobilité favorisent les échanges et les métissages avec d’autres populations. Leur origine et celle de leur identité, pas uniquement liée à la langue peule (poular ou fulfulde) fait débat. Les peul Wodaabe ou Bororos, sont sensibles à la beauté du corps humain, notamment connus pour la fête de la beauté du Geerewol18. Les Saanorabe et les diagbé sont un sous-groupe peul connu pour sa bravoure et la quantité très élevée de leurs troupeaux de vaches Na’i (zébu).
Les traditions orales ou écrites recueillies auprès des Peuls mentionnent pour la plupart autour d’une union entre Oqba, l’Arabe, et Tadjimaou, la princesse juive – ou noire (d’ailleurs plus souvent noire que juive). Ces deux personnages auraient engendré quatre enfants, les ancêtres des quatre clans peuls : Barry (ou Sangare), Diallo (ou Kane), Sow (ou Sidibe), Bah (ou Balde ou Diakhite). Cette origine est tout fait mythique, Oqba s’identifiant probablement à Oqba ibn Nafi, le conquérant arabe mort en 683, qui n’a jamais traversé la totalité du Sahara. Cette ascendance permet en revanche aux Peuls islamisés de revendiquer des racines arabes prestigieuses26.
L’origine (ou les origines) des Peuls a donné naissance à une littérature abondante de qualité inégale, qu’il est difficile de résumer.
L’historien Cheikh Anta Diop a lié les Peuls à l’Égypte, comme il l’a fait pour les Sérères et Wolofs27. La théorie de Diop a cependant été réfutée par d’autres chercheurs dont le professeur Russell G. Schuh28,29,30.
André Arcin les fait venir de la lisière nord du Sahara jusque dans le sud marocain. Tauxier préconise la route du sud de l’Algérie et les ferait émigrer de leur pays d’origine (moyenne Égypte) vers le vie siècle avant l’ère chrétienne. Béranger-Féraud, Verneau et d’autres indiquent, également la route septentrionale comme étant celle de leurs migrations31. Le Sahara est exclu car jugé comme étant un pays désertique et inhabitable, difficile à traverser pour une population dont l’économie principale est l’élevage. Seul Motel les fait venir du sud Sahara32. Cette première migration d’est en ouest leur fera atteindre la vallée du fleuve Sénégal vers le viiie siècle de notre ère (Lhote).
Le peuplement Peul s’est par ailleurs effectué par vagues successives, dans différentes régions, à différentes époques33.
Tous les historiens cependant soulignent l’importance de cette population en Afrique de l’Ouest qui se sédentarise et créée de puissants royaumes théocratiques tremplins pour la guerre sainte ou djihad, contre les animistes et les peuples jugés moins musulmans (Haoussas) : le Macina au Mali, le Fouta-Toro au Sénégal et le Fouta-Djalon en Moyenne-Guinée, l’Empire de Sokoto fondé par le marabout Ousmane Dan Fodio au Nigéria et les Sultanats et Lamidats du Nord Cameroun3
La colonisation fut tardive (Haut-Niger 1854, le Fouta-Djalon en 1896, Rivières du Sud en 1866) et relativement brève (à peine 100 ans). Le gouverneur de la Guinée française était Faidherbe. D’emblée, les Peuls apparaissent aux yeux des Européens comme des Mahométans armés, au même titre que leurs voisins Maures et Touaregs.
Leur société extrêmement hiérarchisée parut dès l’abord, trop complexe aux yeux des Européens et difficile à percer (problème de la langue)[réf. nécessaire]. La France engagea[Quand ?] une politique « diplomatique » et commerciale avec les différents états peuls indépendants.
À la création d’un Gouvernement général de l’Afrique-Occidentale française visant à harmoniser la politique française, les trois colonies concernées par le Fouta Djalon étaient le Sénégal, le Soudan et la Guinée. On assiste dès lors à une résistance diplomatique : plusieurs traités furent signés40, notamment le « traité de commerce et d’amitié » (1881) entre les Almamys et Bayol qui marqua la première tentative directement impérialiste de la France à l’égard du Fouta-Djalon : principalement pour contrer les intérêts anglais dans la région de la Sierra Leone41. En signant des traités avec la France et l’Angleterre à la fois, en 1881, en leur refusant de ce fait l’exclusivité du commerce, les dirigeants du pays, les Almamys, affichaient leur indépendance à l’égard des deux puissances impérialistes et d’un même mouvement, tentaient de les neutraliser : d’abord en rejetant la version française du traité42.
La récusation de toute notion de contrôle et d’ingérence, le refus opiniâtre de laisser une puissance étrangère empiéter sur la souveraineté de l’État, non seulement en 1881, mais également lors de tentatives expansionnistes ultérieures (colonne Plat 1887-1888, colonne Levasseur 1888, colonne Audéoud 1888)43, la mission Briquelot en 1888-1889, à l’initiative d’Archinard, tentera vainement de convaincre les Almamys des intentions pacifiques de la France.
Cette résistance s’appuyait sur un concept lapidaire mais clair : “Le Fuuta Djaloo doit être aux Peuls et la France aux Français“. Ce principe nationaliste réitéré privait la France d’une base « légale » d’intervention.
Le rejet par les Almamys de toute notion de protectorat s’accompagnait d’une résistance militaire, consistant à entraver l’expansion de la France au Soudan en s’alliant à Samory Touré, le principal adversaire de la France. En cela, la France se révéla à peu près impuissante à peser sur les relations entre Samory Touré et les Almamys. D’autant plus, que depuis l’autonomie des Rivières du Sud (août 1889), celle-ci menait une politique d’expansion pacifique à l’égard du Fuuta Djaloo, remettant à plus tard l’éventualité d’une occupation militaire, tandis qu’Archinard multipliait les lettres d’apaisement à l’égard des Almamys.
Pour préserver sa souveraineté, le Fuuta Djaloo sut aussi habilement exploiter les conflits franco-français et franco-anglais. Jusqu’au décret du 11 juin 1865 instituant le Gouvernement général de l’Afrique occidentale française, explicitement voulu pour harmoniser la politique française, trois colonies étaient concernées par le Fuuta Djalon : le Sénégal, le Soudan et la Guinée. Chacune d’entre elles activait sa propre politique à l’égard de l’état peul encore indépendant. Frictions et conflits divisaient en permanence les trois colonies.
Si les Almami firent parfois preuve de naïveté en politique, ils surent très bien tirer avantage de ces mésintelligences. Ils instrumentalisaient les contradictions franco-françaises pour retarder la mainmise sur leur pays – On assiste également chez le « petit peuple » peul à une résistance sociale : comme le « rachat » de captifs ou l’interception des caravanes – la politique de la France à l’égard des captifs sera faite d’ambiguïté. Elle consiste en particulier à inciter les captifs à s’enfuir de chez leurs propriétaires peuls, pour les détourner à son propre profit.[pas clair] Beeckman : “Il serait indispensable de prévenir aux commandants du Soudan de ne pas recevoir aussi facilement les fugitifs du Fuuta Djallon qui servent à peupler les villages de liberté au détriment de notre nouvelle possession, qui a cependant besoin de tous ses bras pour la culture.“44
Las, les Français fourbirent le concept de féodalité, inadapté mais commode, paradigme négatif pour stigmatiser, ouvrir le procès du régime, justifier l’intervention militaire et l’occupation du pays[Lequel ?], en se servant des rancœurs et des frustrations du petit peuple opprimé[Par qui ?]45. Le 14 novembre 1896, les Français défaisait Bokar Biro le neveu de Soriya Ibrahima qui lui avait succédé après sa mort en juillet 1890 (alternance Amadu / Bokar Biro, 1891-1896) à la bataille de Poredaka46.
Contrairement aux autres colonies françaises, ils[Qui ?]ne seront pas intégrés dans l’armée. Officiellement pour des raisons « physiques »47. La résistance peule est documentée sur le plan historique par un certain nombre d’études et d’ouvrages, textes, lettres manuscrites par des Peuls eux-mêmes et archivées, aux Archive nationales du Sénégal (ANS) et en France48,49. En Guinée, le référendum du 28 septembre 1958 sonnera la fin de la période coloniale.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Peuls